Pont Champlain d'origine: «Il ne faut surtout pas sous-estimer l’importance de la multidisciplinarité»

Pont Champlain d'origine: «Il ne faut surtout pas sous-estimer l’importance de la multidisciplinarité»
 
Le concours de valorisation des matériaux de l'ancien pont Champlain permettra d’en réutiliser des pièces dans le cadre de projets de construction d’infrastructures publiques, d’expressions architecturales, artistiques, créatives, d’écologie urbaine, etc. C’est l’une des 5 initiatives lauréates retenues parmi près d’une centaine par le jury des Prix initiatives circulaires 2021. Quel effet levier pour le Québec pourrait avoir cette démarche? Audrey Atwood, spécialiste développement durable et parties prenantes chez Les Ponts Jacques Cartier et Champlain Incorporée (PJCCI), répond à nos questions.

 

Qu’est-ce qui vous a incité à mener cette initiative?

Audrey Atwood// Le développement durable est intégré à la mission de PJCCI qui est assujettie à la loi fédérale sur le développement durable. Donc tous les projets, à toutes les étapes de la chaîne de valeur, de l’approvisionnement à la fin de vie, intègrent les principes de développement durable.

Nous avons plusieurs projets qui s’intéressent à la valorisation des matériaux, mais ce projet est à une autre échelle. Il faut savoir qu’un pont, c’est un gisement énorme. C’est 250 000 tonnes de béton, 25 000 tonnes d'acier et 12 000 tonnes d’asphalte.

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Quelles autres approches vous ont inspiré?

Audrey Atwood// Ce projet spécifique a beaucoup été inspiré par un concours d'art lancé à San Francisco en 2015 à l'occasion du démantèlement du pont Bay Bridge. Le projet comportait des paramètres similaires. On est donc entré en contact avec les responsables du projet à San Francisco pour leur poser nos questions sur leur expérience, les outils à développer pour la réalisation d’un tel concours, les paramètres à prendre en compte, etc.

Quels principaux défis avez-vous rencontrés avec ce projet innovant?

Audrey Atwood// Jusqu’à présent, notre organisation n’avait jamais fait de déconstruction. À travers le Canada, c’est une pratique peu commune. 

Au départ, il y a eu toute une réflexion: quels sont les matériaux disponibles? Quels sont les volumes? Est-ce qu’ils se recyclent? Se valorisent? Il faut adapter rapidement toutes les méthodes de déconstruction puisqu’on veut conserver des pièces clés dans leur intégralité sans les briser pour qu’elles trouvent directement une nouvelle vie. L’objectif n’était pas non plus de refondre l’acier ailleurs, mais de trouver preneur au Québec et au Canada pour limiter les gaz à effet de serre. On a étudié les possibilités de valorisation aussi près du chantier que possible. On voulait vraiment que l’initiative ait un impact net positif.

Il a fallu explorer pour comprendre comment peuvent être valorisés autant de matériaux: comprendre le marché local et la chaîne de valeur, les filières de recyclage, les acteurs du milieu, les repreneurs potentiels à proximité.

Le projet avait un échéancier très serré. Il fallait aviser l’entrepreneur avant le début de la déconstruction pour réserver les pièces pour le concours. Une fois qu’on sait quel type de pièces et de matériaux sont disponibles, il faut savoir pour lesquelles il y a de l’intérêt et faire le choix des pièces en fonction des projets qui s’en viennent dans les environs.

Quelles opportunités cette initiative a-t-elle créées pour vous?

Audrey Atwood// Aujourd’hui, nous sommes sollicités pour faire des présentations et sensibiliser les professionnels aux possibilités qu’offrent de telles démarches innovantes, aux enjeux et défis impliqués, au fait qu’il faut penser dès le début d’un projet à intégrer les notions de déconstruction. Chaque décision liée à la déconstruction peut avoir un impact sur la valorisation potentielle des matériaux.

Comment cette démarche pourrait-elle avoir un effet levier sur le secteur de la construction au Québec?

Audrey Atwood// Notre projet est un exercice de démonstration de ce qu’il est possible de faire au Québec. Notre objectif est de diffuser comment on s’y est pris et d’inspirer notamment d’autres institutions gouvernementales. La méthode de déconstruction durable que nous avons utilisée pourrait être utile à toute organisation. Nous ne proposons pas une recette toute faite, mais les étapes essentielles qui pourraient participer au succès d’un projet.

Les autres effets levier du projet seront ceux qui émaneront des projets rendus possibles grâce au concours. L’évaluation des dossiers est en cours, et les propositions retenues seront dévoilées en 2022, donc nous découvrirons les projets dans les prochaines années.

Avez-vous un conseil pour les organisations qui souhaiteraient se lancer dans une démarche d’économie circulaire?

Audrey Atwood// Il ne faut surtout pas sous-estimer l’importance de la multidisciplinarité. Il faut mettre en place une équipe de projet et un leadership dédiés. Il est essentiel d’aller chercher le bon spécialiste au bon moment dans le cycle de valorisation des matériaux. C’est un gros projet d’équipe.

Pour en savoir plus sur le concours de valorisation des matériaux du pont Champlain d'origine.

Vous portez un projet d’économie circulaire? C’est le moment de faire connaître votre initiative avec les Prix initiatives circulaires 2022! Inscrivez votre organisation en répertoriant votre initiative sur la cartographie interactive de la plateforme.

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Auteur de la page

Emilie Chiasson

Conseillère en communication - Économie circulaire